La photographie de paysages n’est pas forcément aussi simple qu’elle y parait. Au-delà du sujet et du cadrage, se pose le problème du réglage de l’appareil photo pour obtenir une image correctement exposée.
La dynamique d’un capteur de prise de vues, c’est-à-dire sa capacité à enregistrer des informations à la fois dans les hautes et dans les basses lumières, est relativement réduite. Ainsi, il faut effectuer un choix : soit privilégier le ciel, et le paysage est sous exposé, soit privilégier le paysage, et le ciel est surexposé. Il est possible d’utiliser un filtre gris neutre ou coloré dégradé à la prise de vue afin d’équilibrer les deux parties de l’image. Néanmoins, l’utilisation d’un filtre procure au moins trois inconvénients :
- l’enregistrement de l’image est « figé » à la prise de vue et limite donc toute interprétation a posteriori,
- le dégradé du filtre agit sur une ligne qui recouvre parfois des parties que l’on ne souhaiterait pas toucher,
- l’adjonction d’un obstacle sur le trajet de la lumière engendre obligatoirement des diffractions et ce, quelle que soit la qualité du filtre.
Nous n’évoquerons pas ici le filtre polarisant dont le but est tout autre.
À l’époque de l’argentique, il fallait « masquer » et « faire monter » les images par endroits sous l’agrandisseur. Ce qui consistait à modifier le temps d’exposition du papier dans une zone circonscrite en intercalant les mains directement dans le faisceau de l’agrandisseur projetant le négatif sur le papier. Ou alors, on utilisait un carton découpé à la forme voulue. Il fallait légèrement agiter le masque pour éviter que la limite ne se voit. Il était aussi possible de réchauffer localement l’émulsion du papier durant le développement dans la cuvette avec un pinceau trempé dans le révélateur à une température plus élevée. De la haute voltige !
Une autre technique consistait à utiliser un révélateur deux bains pour le développement du négatif. Le premier bain imprégnait le film. Le deuxième accélérait le développement dans les zones fortement chargées en halogénures d’argent. Évidemment, il était impossible de revenir en arrière en cas de raté !
Bien que nécessitant une certaine maîtrise, une technique popularisée par le numérique s’appelle le HDR, High Dynamic Range (grande gamme dynamique). Elle consiste à effectuer plusieurs vues identiques en décalant les réglages d’exposition : beaucoup surexposé, un peu surexposé, normal, un peu sous exposé et beaucoup sous exposé. L’appareil photo ne devant pas bouger entre chaque exposition.
Un logiciel spécifique utilisé ensuite en postproduction, « aplatit » toutes ces vues pour n’en faire plus qu’une avec du détail à la fois dans les hautes et basses lumières. Bien entendu, de multiples possibilités de réglages permettent d’accentuer plus ou moins le résultat.
Selon ce principe, voici une photo faite au lac du Ronzey à Yzeron dans les monts du Lyonnais.